
©DST31 François Reboul
Dans les années 1930, Madeleine Durand possède de nombreux biens : terres, maisons et une seule vraie grande ferme « Sauzas ».
Elle en hérite d’une part grâce à sa mère Marie Anne Catherine Bosc et d’autre part parce que Pétronille Charlotte Gaillard épouse Montel n’a pas de descendant.
Pour mieux comprendre cette dualité, il faut se projeter trois cents ans en arrière.
En effet, au début du XVIIIe siècle, deux propriétaires, Charles Cazeneuve et Antoine Gaillard, se partagent le lieu-dit « Sauzas ».
La superficie des « terres, sol, jardin, prés, bois et roches » de chacun sensiblement égale, 13 à 14 arpents (1 arpent équivaut à 56 ares 90 centiares), fait la véritable valeur de ces propriétés. Les modestes maisons construites pour les métayers qui les exploitent diffèrent quelque peu. Celle d’Antoine Gaillard est à « haut et bas étage » à l’inverse de celle de Charles Cazeneuve comprenant simplement un rez-de-chaussée.
Vers la fin du même siècle, les deux métairies avec leurs dépendances et leurs terres d’exploitation appartiennent aux fils des personnages nommés ci-dessus : Jean-François Cazeneuve, prêtre et Gervais Gaillard, notaire.
Jean-François Cazeneuve décède en avril 1800 et laisse, par testament, tous les biens de la famille à ses petits-neveux. L’un d’eux, Hilaire Bosc, petit-fils de Perrette Cazeneuve épouse d’Antoine Marceillac et sœur de Jean-François, se retrouve propriétaire d’une partie de Sauzas tandis que les
Gaillard conservent le reste.
La matrice cadastrale du début du XIXe siècle confirme le peu de valeur des maisons rangées en « classe 8 », la plus basse. Par comparaison, « les maisons de maîtres » du Rieu, d’Uzou, de Pinot… sont en « classe 2 ». Dans le fond, cela n’a aucune importance : seul le métayer y habite ; les terres comptent bien plus.
La différence est flagrante en 1832, lors du partage entre Pierre Adrien Monnereau, son épouse, Cécile Marie Victoire Gaillard et Nicolas Victor Montel, veuf de Pétronille Charlotte Gaillard : la métairie de Sauzas avec « écuries, chai, remises, hangar, effets aratoires » est estimée à 2 973 francs tandis que les terres atteignent 12 435 francs.
Marie Victorine Gervaise Montel, née à Blagnac le 5 avril 1827, « possède » le tout.
A l’époque de la liquidation judiciaire, un siècle plus tard, Madeleine Marie Antoinette Durand essaie d’entrer en contact avec les descendants de cette fille Montel. Peine perdue puisque celle-ci est morte encore enfant. De plus, malgré ses recherches, Mademoiselle Durand ne trouve aucune trace d’éventuels héritiers. Aussi, comme la partie de Sauzas venant des Cazeneuve appartient à sa mère, Anne Catherine Bosc, l’entière métairie de Sauzas dont la description suit, lui revient.
Cette « grande métairie avec bâtiments d’exploitation, écurie, grenier, hangar et autres bâtiments et terres labourables, située dans la commune de Blagnac pour une contenance d’environ dix hectares soixante et un ares six centiares et par extension dans la commune de Beauzelle pour une contenance de six hectares, est exploitée par Monsieur Dilos, colon partiaire, à bail verbal. Elle comprend une maison d’habitation en bon état, avec remise, hangar en arrière, façade à l’aspect du midi, construite en pierres, chaux et sable et recouverte en tuiles à canal (…) En avant est construit un pigeonnier, ainsi que deux remises et écurie, attenants à la propriété Ferradou, un puits pour arroser le jardin est bâti tout près du pigeonnier ; l’on y puise l’eau à l’aide d’une chaîne et tour… »
Pour diverses raisons, la mise aux enchères de cette propriété, repoussée à plusieurs reprises, n’a lieu que fin 1935. Objet d’un « jugement d’adjudication de surenchères », elle fait partie des trois derniers lots sur les vingt-six dénombrés en 1930.
Une Toulousaine, Madame Jeanne Dastros née Lauzeran, l’acquiert pour 21 750 francs « au moyen de l’adjudication qui en a été prononcée à son profit aux termes d’un jugement rendu par le Tribunal Civil de Toulouse, le quatorze novembre mil neuf cent trente-cinq ». Elle la vend quelques mois plus tard, en juillet 1936, en doublant son prix.
Aujourd’hui, cette grande propriété, vandalisée, va disparaître pour laisser place à un lotissement.
Texte écrit par Blagnac Histoire et Mémoire
le pigeonnier de type « pied de mulet », caractéristique de notre région, partie intégrante du patrimoine Blagnacais, est en cours de restauration a ce jour.
Habitations proches de la ferme qui ont été détruites

Zone ANDROMEDE 3
Proche du Lycée Ferradou, de juillet 2008 à juin 2009, une équipe d'une vingtaine d'archéologues ont mis en évidence d'importants vestiges attribuables à différentes périodes d'occupation humaine, du Néolithique au Moyen Âge, disséminés sur une superficie de près de 12 hectares.
© O. Dayrens, Inrap